Déresponsabiliser le thérapeute, responsabiliser le patient

Si le patient projette un mécontentement thérapeutique sur le thérapeute alors DANGER, DANGER !!! car cela met à mal le fameux ratio « bénéfice thérapeutique/coût ». Le thérapeute va alors chercher à se déresponsabiliser un maximum du manque d’amélioration et à rejeter la faute sur le patient :

Voici quelques techniques :

-« Avez-vous fait les exercices que je vous avez demandais de faire ? » si « oui » alors le patient doit les démontrer et il est fort probable qu’ils soient mal faits et si « non » alors le patient n’a pas suivi les recommandations de l’ostéopathe => c’est de sa faute

-Avez-vous suivi mes recommandations (ice pack, posture au bureau, respiration abdominale) => idem que précédemment

-Si il n’y a pas eu d’amélioration alors qu’elles sont les activités dans les jours qui ont suivi qui ont pu maintenir ou aggraver le problème? Voyage ? Trop de voiture ? canapé/télé ? activité sportive ? hobby ? Jardinage ? ménage ? vaisselle ? alitement ? si oui alors ce n’est pas la responsabilité de l’ostéopathe et on aura même remis le compteur de traitement à 0 !

Diminuer l’impression du coût

Pour améliorer le ratio « bénéfice thérapeutique/coût » il faut aussi faire relativiser à la baisse l’impression du coût élevé de la consultation. On peut d’une part se demander si on ne peut pas repenser le tarif de la thérapie en question.

Ensuite si le patient verbalise le fait qu’il trouve cela cher, rappelez lui que ce n’est que le prix d’une sortie avec sa femme et qu’ensuite sa santé devrait passer avant ses hobbies.

Rappeler au patient la somme net que vous récupérez en poche.

Rappelez au patient l’argent et le temps qui a été perdu avec les thérapeutes précédents…

La prévention

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Certains thérapeutes sont tellement efficace dans leur démarche commerciale qu’ils arrivent à pousser leur patient à voir dans la thérapie une efficacité préventive. Peut-être que cela est vrai, peut-être que non. Et si ça l’est sur du cout terme, est-ce vrai sur du long terme ? Le problème est qu’il n’y a certainement pas de recherches pour prouver ces faits. En tout cas cher lecteur, si vous connaissez de telles recherches sur l’ostéopathie faites le moi savoir !!!

Le but invoqué est souvent celui de courir après les 100% d’amélioration. Il est évident que l’état parfait n’existe pas mais quel argument pour vendre des traitements !

Peut-on alors dire au patient : « Vous devriez revenir une fois par mois ou toutes les 3 semaines afin de prévenir l’arrivée et retour de certains troubles. Non. On devrait alors dire : « Certains patients trouvent un bénéfice à revenir une fois par mois, voulez-vous essayer ? » ce qui sonne différent vous en conviendrez…

Dépendance psychologique, physiologique, physique ?

À partir de combien de traitements par an peut-on déclarer qu’il y ait un risque de dépendance thérapeutique entre le patient et le thérapeute ?

Tombe-t-on dans cette dépendance lorsque le thérapeute voit son patient plus d’une fois par mois ? Est-ce une relation saine entre le thérapeute et le patient ? La thérapie est-elle alors vraiment efficace ? Le patient peut-il facilement sortir des griffes de son thérapeute ? Son point de vue devient-il biaiser vis à vis de la thérapie qu’il suit ?

En 2 à 3 traitements il devrait y avoir amélioration significative

Si une thérapie est efficace et que votre problème est d’ordre fonctionnel (non-pathologique) alors en peu de traitements il devrait y avoir une amélioration significative selon le Principe de Pareto.

Il est bien évident que certains patients souffrant de problèmes particulièrement chroniques doivent avoir des traitements réguliers mais dans la grande majorité des cas ce n’est pas le cas (à moins que le thérapeute travaille dans une maison de retraite).

Les facteurs courants chez le patient qui affectent l’efficacité du traitement vont être son âge, sa vitalité (sport, flexibilité), des pathologies chroniques, l’environnement dans lequel il évolue (stress, posture au bureautrop souvent assis, enfants…), ses habitudes alimentaires (+ médicaments, IMC trop élevé), sa capacité à se détendre (voir effet idéomoteur), à accepter d’être touché par la main du thérapeute et bien sûr sa volonté à aller mieux…

Malgré tous ces facteurs, en règle générale, un patient de 20 à 50 ans qui souffre d’un TMS (trouble musculo-squelettique) devrait être soulagé de manière significative en 2 à 3 traitements sur 6-8 semaines (étrangement ce délai est aussi celui pour qu’une douleur aiguë disparaisse sans aide), c’est ce que préconise le Registre des Ostéopathes de France ici..

Si ce n’est pas le cas alors soit des conseils ont été ignorés par le patient (posture au bureau ou repris une activité trop rapidement par exemple), soit l’ostéopathe n’a pas su identifier « la lésion primaire » responsable du TMS du patient, soit une pathologie ou un problème sous-jacent est la cause du symptôme et dans ce cas-là le thérapeute doit absolument référer le patient vers le professionnel de santé compétent.

Conclusion

Bien évidemment lorsqu’un patient a reçu beaucoup de traitements pour un problème, il est toujours difficile de dire si le cas du patient était compliqué/chronique ou si il a été victime d’une arnaque.

Savoir si son thérapeute est compétent ou non n’est pas évident. Cependant le patient peut se permettre de suspecter une arnaque ou un abus si son thérapeute vend des paquets de 5-10 ou 20 traitements, si il essaie de le voir plus d’une fois par semaine, si il lui offre de réserver plusieurs rendez-vous dés la première séance, si il essaie de lui faire peur ou de le culpabiliser. Si après 2 ou 3 traitements il n’y a pas d’améliorations notables (voir principe de pareto), le thérapeute DOIT faire le point avec le patient pour comprendre le manque d’amélioration et discuter d’une autre approche ou de référer le patient vers un autre thérapeute ou professionnel de santé.

Il serait illusoire de croire qu’en tant que thérapeute nous soyons objectifs et non concernés par ce ratio « bénéfice thérapeutique/coût ». La question est : « Dans quel sens et dans quelle mesure ? »