Chapitre 1

L’épineux 4ème Principe de Sutherland

D’après W. G. Sutherland le mouvement respiratoire primaire possède 5 phénomènes :

  1. Le mouvement rythmique et inhérent du cerveau et de la moelle épinière.
  2. Une fluctuation du liquide céphalo-rachidien (LCR) qui nourrit le cerveau et la moelle épinière
  3. Les tensions de membranes réciproques crâniennes et rachidiennes
  4. La mobilité des os du crâne
  5. Mouvement rythmique involontaire du sacrum entre les iliums

L’un des points qui est souvent sous le feu des critiques est le 4ème principe. La notion de « mobilité des os du crâne ».

Si nous considérons que « mobilité » est équivalent à « malléabilité », alors il est peu discutable qu’il existe une « mobilité » ou devrait-on dire une « plasticité » (si infime soit-elle) entre les os du crâne du fait entre autres d’une fusion qui peut-être incomplète au niveau des sutures. Cette mobilité jouerait un rôle d’absorption lors de contrainte importante sur la boîte crânienne pendant la mastication, lors d’un trauma ou encore si la pression intracrânienne augmente.

Comme tout matériau possède une certaine plasticité, alors refuser de croire que le crâne possède une certaine malléabilité serait faire preuve de mauvaise foi.

Mais attention ce n’est pas parce qu’il y a « plasticité » qu’il y a « mobilité rythmique et inhérente » et lorsque Sutherland décrit le terme de « mobilité des os du crâne » il sous-entend bien le fait qu’il y ait une « mobilité rythmique et inhérente » qui serait l’une des expression du MRP avec un rythme différent de celui de la respiration.

Imaginons qu’il existe bien une « mobilité rythmique et inhérente » des os du crâne. On devrait alors se poser la question suivante :

 Peut-on ressentir un tel mouvement par la palpation ?

C’est à dire ressentir une expansion de quelques dizaines ou centaines de microns étalés sur environ 5 secondes et cela sans que notre respiration, rythme cardiaque ou respiration du patient puissent venir parasiter cette sensation si faible ? Sans oublier que nous sentirions ce mouvement à travers le cuir chevelu (muscles, gras, peau), sans oublier la tignasse parfois impressionnante de nos patients !

Imaginons encore que cela soit possible, que l’ostéopathe puisse ressentir et même affecter un tel mouvement. On pourrait alors se poser la question en quoi restaurer une mobilité de 50µm au niveau d’une suture aurait un impact thérapeutique significatif sur un mal de dos par exemple ?[1]

Ce 4ème principe de Sutherland est devenu un front de bataille entre les ostéopathes crâniens  et les sceptiques en tout genre. A la clef vous l’imaginez, soit une reconnaissance officielle d’une approche visionnaire qui a réussit à prouver tort au corpus médical après 80 ans de lutte, ou à l’inverse le discrédit de toute une partie de l’ostéopathie, laissant par la suite le goût amer du charlatanisme aussi collant qu’un chewing-gum sous la semelle de chaque ostéopathe.

Vous commencez à comprendre pourquoi il est important d’essayer de lever le voile sur ce mystère ostéopathique et physiologique.


[1] Rogers JS, Witt PL, The controversy of cranial bone motion, J Orthop sports Phys Ther, 1997 Aug;26(2):95-103.

4 Commentaires

  1. Rampal 20 février 2015 à 12 h 01 min - Répondre
  2. Rampal 19 mars 2015 à 20 h 34 min - Répondre

    Bonsoir,
    Un autre article dans la même idée.
    Bonne soirée,
    Jules
    Vitalisme et ostéopathie

  3. Fibulafloor 6 octobre 2015 à 22 h 44 min - Répondre

    Un lien, peut-être intéressant pour ajouter au débat. Si quelqu’un retrouve ce fameux article je prend. Merci
    http://www.sudouest.fr/2015/10/06/tonneins-deux-osteopathes-mettent-le-doigt-sur-les-mouvements-du-crane-2146179-3887.php

    • admin 8 octobre 2015 à 9 h 40 min - Répondre

      Merci Fibulafloor pour ce lien,
      Effectivement si qqu’un à un lien vers l’article en question…
      Des questions restent alors en suspend :
      1. 50microns ou alors 0,05mm avec une variation sur 5 secondes d’expansion cela fait une capacité de discernement de mouvement de 0,01mm par seconde. J’étais loin de me savoir si fort en palpation (c’est tout de même à peu près la taille d’une bactérie…)
      2. Ressentir ce mouvement à travers les cheveux et cuir chevelu sans un contact direct avec le crâne ? sachant qu’un cheveux fait à peu près 0,1 à 0,05mm et au vu de la compressibilité d’une masse de cheveux, on ressentirait alors ce mouvement à travers un énorme coussin qui amortit (càd qui dissipe dans le temps une force/mouvement), ne parlons pas non plus du mouvement de la tête du patient en fonction de son rythme cardiaque et respiratoire, Impressionnant !
      3 même si ce mouvement existait, comment expliquer que remettre un os en place de 0,05mm soignerait une sciatique ???
      4. Même si il existait un mouvement (et pourquoi pas ) pourquoi ne pas d’abord étudier des effets connus (effet idéomoteur/carpenter ) avant de chercher des explications capillotracté ?

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