Chapitre 3

Une mobilité crânienne Palpable ?

 Si les os du crâne se meuvent de manière rythmique et inhérente peut-on ressentir à la main un tel mouvement ?

 Les mesures avancées sont inférieures au mm. Il faut donc que le thérapeute de son habile palpation puisse ressentir des expansions et rétractions des os du crâne, comprises entre 0,38 et 1 mm, 5 à 14 fois par minute.

Cela revient à ressentir des vitesses moyennes d’expansion ou de rétraction  au pire de 0,063mm/sec et au mieux 0,5mm/sec (moyenne = +/- 0,25mm/sec) avec une prise en main de la boîte crânienne dans les directions d’expansions adéquates optimales. Sachant que si l’expansion que l’on teste est opposée au contact des mains alors le mouvement à ressentir est 2 fois plus faible pour chaque main. Pour info un cheveu fait entre 0,1 et 0.05mm.

Le tout au travers des muscles, fasciae, tissus conjonctifs, tissus adipeux, peau et cheveux qui vont largement absorber ce mouvement et en plus ces derniers n’autorisent pas un contact direct et homogène entre la main et le crâne du patient.

Pour rendre cela un peu plus compliqué le thérapeute doit aussi arriver à dissocier ce mouvement micrométrique du mouvement de la tête du patient lors de sa respiration (qui avoisine un cycle rythmique équivalent) et ne doit pas non plus être parasité par sa propre respiration et rythme cardiaque qui affectent le mouvement de ses bras et mains.

Pour vous en convaincre placez devant vous vos mains entrouvertes comme si vous teniez un occiput. Regardez vos doigts et observez-les : bougent-ils à chacune de vos pulsations cardiaques ? Ce mouvement est il inférieur à 0,25mm ou à l’épaisseur de 3 cheveux ? Et lorsque vous inspirez ou expirez, vos mains restent-elles parfaitement immobiles ?

Cependant le corps est capable de merveilles et peut-être qu’avec de l’entraînement, l’ostéopathe développe vraiment une palpation extraordinaire qui lui permet de faire abstraction de toutes ces sensations parasites pour enfin ressentir cette mobilité rythmique et inhérente crânienne qui est l’expression du Mouvement Respiratoire Primaire du patient.

Encore une fois considérons que les ostéopathes aient réellement cette aptitude et cette palpation particulièrement développée.

Si ce MRP existait alors assurément 2 thérapeutes devraient pouvoir ressentir ce mouvement avec un rythme similaire chez un même patient.

Comment expliquer alors que deux ostéopathes ne ressentent pas le même rythme chez un même patient ?

Au moins 4 recherches[1][2][3][4] parues sur PubMed montrent que 2 praticiens ne ressentent pas le même rythme chez un même patient. Une review[5] fait le même reproche et remet aussi fortement en cause l’assomption que la symphyse sphénobasilaire soit mobile. D’après Nelson dans sa recherche de 2006 sur la corrélation du CRI et les ondes de Traube-Hering « Recording the rate of the cranial rhythmic impulse » ce rythme pourrait même varier du simple au double en fonction du thérapeute.

On peut tout de même regretter que ces 4 recherches ne soient pas mentionnées sur le site du COA est-ce du « Cherry Picking »[6] ? (Humhum… nous en ferons aussi très certainement dans tout cet exposé). On ne peut alors résister à la désagréable envie de poser la question suivante :

Quelles sont les autres études qui infirment l’existence d’un mouvement rythmique et inhérent qui ont été écartées ?

Une autre étude[7] de Ernst qui montre à quel point la notion de biais peut fausser des résultats de recherche est une revue systématique de recherches portant sur l’efficacité de l’ostéopathie crânienne pour traiter des troubles. Sur les 7 études passées en revues, les 6 qui sont de mauvaises qualités et qui comportent des hauts niveaux de risques de biais concluent en des résultats positifs, alors que celle qui est plus rigoureuse est négative.

La ligne de défense des ostéopathes crâniens serait évidemment de dire que cette recherche est-elle même biaisée…