Avant-Propos

Cela fait plusieurs années que je défends l’idée de « l’effet idéomoteur en ostéopathie crânienne » pour offrir une explication complémentaire ou alternative au ressenti crânien[1][2]. J’avais commencé il y a plus d’un an l’écriture d’un livre sur ce sujet dont j’ai envoyé le premier jet à un ostéopathe renommé pour sa droiture et sa clarté. Le retour d’une épaisse copie bourrée de rouge et des propos pertinents  » le fond est intéressant mais la forme n’y est pas… » me firent me rendre compte que j’avais atteint mon seuil de Peter[3]. Cette réalité me démotiva pendant un moment.

Presque un an plus tard je me dis qu’il serait peut-être intéressant de tout de même publier une réédition de ce livre sur ce site en assumant tout à fait un style blog et provocateur (fait avec un peu de respect tout de même). J’aime à croire que parfois, une personne peut de son cabanon de jardin trouver des idées novatrices sans forcément travailler au sein d’une équipe de recherche expérimentale, cela est surtout vrai dans un domaine où la recherche manque cruellement.

J’espère que cet article ouvrira l’oeil du jeune ostéopathe ou de l’étudiant et qu’il le poussera à questionner le modèle enseigné aujourd’hui dans les écoles et lui donner des idées de recherches différentes vis à vis de l’ostéopathie crânienne. En même temps j’invite tous les lecteurs à la plus grande prudence, peut-être que tout ce qui est exposé ici est faux, en partie vrai, ou tout à fait vrai. Toutes critiques constructives seront la bienvenue. Peut-être au sujet de l’orthographe, de la grammaire (…) ou sinon sur des failles de logiques, un manque de citations ou des informations/recherches contradictoires.

Voir l’ostéopathie crânienne/fasciale de cette manière m’a été une révélation et m’a donné cette agréable sensation de voir une grande partie des pièces du puzzle s’emboîter logiquement et facilement avec une étrange sensation de déjà-vu.  Est-ce la différence entre savoir et comprendre ou juste la prise de conscience de cette possible réalité ? Je dois avouer que c’est avec une part d’appréhension que je fais le coming-out de cette « théorie ». J’espère ne pas nager dans un « délire ostéopathique erroné » car sinon:

« SHAME ON ME ! SHAME ON ME ! SHAME ON ME ! »

Vous savez ces moments où vous avez vraiment fait une boulette et que vous voudriez être transparent, ou ne plus exister ?

Dernière chose : On pourra me reprocher de critiquer une théorie et d’essayer de la remplacer par une théorie qui n’est pas non plus prouvée. C’est vrai, cependant cette théorie de l’effet idéomoteur repose sur un effet prouvé mais ignoré en ostéopathie et toute une quantité  de recherches déjà publiées, seules ses applications à l’ostéopathie manquent pour le moment. Le lecteur jugera de lui même de la cohérence de cette théorie.

 

Cet article sera long et sera téléchargeable en pdf dans un futur proche,

Et n’hésitez pas à ‘liker » cet article et à le partager autour de vous si vous sponsorisez cette théorie de l’effet idéomoteur en ostéopathie

Veuillez lire TOUT l’article avant de voter merci !

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 Introduction

L’un des traits passionnant de l’ostéopathie est que sa pratique requière l’exploration de la frontière entre la réalité thérapeutique et le charlatanisme. L’exercice peut s’avouer difficile mais tout particulièremenr intéressant.
Si vous vous cantonnez à une approche ostéopathique prouvée scientifiquement alors votre travail devient symptomatique, protocolaire et pas forcément des plus efficaces. La recherche de l’efficacité vous oblige à vous aventurer vers un traitement ‘tailor made’ faisant appel à votre subjectivité, vous poussant à innover et à essayer certaines techniques qui flirtent avec l‘étrange et l’infondé. Le terrain devient alors une pente particulièrement glissante vers l’illusion thérapeutique[4][5].

Une partie de l’ostéopathie a été vivement critiquée par le corpus médical, portant un discrédit certain sur l’ensemble  de la profession, l’ostéopathie dite « crânienne ».

L’ostéopathie dans le champ crânien a été développée par W.G. Sutherland dans les années 1930-40bien que l’idée de l’existence d’un mouvement lui serait venue dés 1899[7]. Il faut bien se rendre compte que Sutherland n’était à la base qu’un journaliste et non pas un homme de sciences. Au vu de l’anatomie crânienne et à la présence de sutures, Sutherland en conclut par allégorie que les os du crâne étaient mobiles les uns par rapport aux autres. De part ses recherches personnelles et palpatoires il décrivit une mobilité inhérente et rythmique des os du crâne le Cranial Rythmic Impulse (CRI) qui serait l’expression du Mécanisme Respiratoire Primaire (MRP) la force vitale et profonde de l’individu. Le MRP est aux ostéopathes ce que le Qi (Chi) est aux médecins traditionnels chinois.
Aujourd’hui bien que les preuves de l’existence d’une motilité crânienne et du bienfait de cette approche soient maigres, l’ostéopathie crânienne continue d’être enseignée dans les cursus ostéopathiques selon le modèle de Sutherland.
Il est rappelé aux élèves le besoin de développer une palpation « hors du commun » afin de pouvoir ressentir cette mobilité crânienne. Son approche est parfois proscrite en clinique car on pourrait perturber profondément le patient ; rappelez-vous nous sommes au contact du MRP, la force vitale et profonde du patient !
Alors que le novice en crânien va mettre entre 10 et 15 minutes pour commencer à ressentir ‘quelque chose’, certains professeurs ont atteint un tel degré de compétence crânienne qu’ils arrivent à diagnostiquer une « lésion » du sphénoïde en touchant d’un doigt la cuisse du patient. Comment dire :

_ » Et la marmotte, elle emballe le chocolat dans du papier aluminium… »

Lorsque les élèves questionnent sur la nature exacte de ce mouvement les professeurs tendent à botter en touche, prenant en témoignage le ressenti de l’élève, et en rappelant que même si la nature exacte du mouvement n’est    pas déterminée « l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence ».
Le fait que l’on puisse ressentir ce mouvement sans pouvoir le mesurer ou en prouver l’existence en fait vraiment un phénomène mystérieux qui « défie la science ». L’ostéopathie fait ainsi un pied-de-nez à la médecine, rassurant ainsi l’élève sur la magie de sa discipline.

Petite analyse introspective

 L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence

Ce proverbe est le slogan des ‘croyants’ en tout genre et des défenseurs des ‘thérapies alternatives’. Il est vrai que parfois cette expression soit utilisée à juste titre, l’ostéopathie en est d’ailleurs un très bon exemple :
Alors qu’avant 2002 en France le statut d’ostéopathe était à peu près équivalent à celui d’un charlatan, ce n’est qu’en 2013 avec le rapport de l’Académie Nationale de Médecine sur les Thérapies Alternatives[6] que l’ostéopathie se détache clairement de cette image. Il y avait bien avant 2002 une absence de preuves suffisantes validant son efficacité, lacune qui se comble chaque année et dont la tendance gratifie l’ostéopathie d’une certaine efficacité thérapeutique aujourd’hui.
Mais trop souvent ce proverbe permet à des ‘croyants’ de s’autoriser à imposer leur croyance par ce seul bénéfice du doute sans qu’aucune preuve tangible n’étaye leur point de vue.

Le mathématicien Bertrand Russell développa une affirmation quelque peu saugrenue pour mettre à jour le raisonnement fallacieux des croyants de tout type qui soutiennent l’existence d’une déité ou d’un phénomène paranormal. C’est le principe de la « théière de Russell » :

« Il existe une théière flottante qui orbite de manière elliptique autour du soleil entre la Terre et Mars »

Cette phrase est en fait aussi valide que d’affirmer qu’il existe un dieu ou que de dire que « les os du crâne bougent tout seul »: on considère que tant qu’on n’a pas prouvé son inexistence, le doute est suffisamment raisonnable pour qu’on puisse y croire et que ce soit vrai. Or il ne revient pas à autrui de porter la preuve de l’inexistence du phénomène que le croyant avance, mais au croyant d’avancer la preuve de son existence.

C’est peut-être la distinction majeure entre une vérité et une croyance : alors que la croyance existe tant qu’il n’existe pas de preuve de son inexistence, une vérité existe que si il y a preuve de son existence.

Le croyant peut alors rapidement devenir piégé de son idée car au fur et à mesure que les preuves s’accumulent et tendent à montrer l’inexistence du phénomène, il se réjouit plus de l’incapacité à pouvoir lui donner complètement tort que de faire preuve d’objectivité vis à vis de son incohérence grandissante. Cela peut notamment pousser l’ostéopathe à croire en la nature extraordinaire de sa palpation car aucune méthode scientifique n’arrive à démontrer ce très subtil mouvement, qu’il ressent et qui est donc vrai…


[1]Le mouvement crânien : explication par l’effet idéomoteur

[2]Effet idéomoteur clef de voûte en ostéopathie

[3] seuil de Peter : Selon ce principe, « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence »

[4] L’illusion de l’efficacité en ostéopathie (Part 1): Placebo VS Mambo Jambo

[5]L’illusion de l’efficacité en ostéopathie (Part 2): les biais cognitifs

[6] Rapport académie de médecine 2013 ici

[7] The cranial Bowl , W.G Sutherland 1939, page 17